Zulu, sortie le 4 décembre 2013

Zulu affiche

Un film de Jérôme Salle avec Orlando Bloom, Forest Whitaker, Conrad Kemp…

Bande-annonce:

Synopsis:
« Dans une Afrique du Sud encore hantée par l’apartheid, deux policiers pourchassent le meurtrier d’une jeune adolescente. Des Townships de Cape Town aux luxueuses villas du bord de mer, cette enquête va bouleverser la vie des deux hommes et les contraindre à affronter leurs démons intérieurs. »

Mon avis:
Avec Zulu, le film de clôture au dernier festival de Cannes, Jérôme Salle revient après Largo Winch, en adoptant un style différent. Le réalisateur nous explique d’ailleurs que Zulu est un film plus personnel, qui lui ressemble davantage. Adapté du roman de Caryl Férey, le genre est problématique, oscillant entre le polar, le thriller, la politique.

Au début du film, l’on se demande alors s’il s’agira d’une énième enquête policière. On comprend tout de suite que c’est bien plus que cela: le thème principal, c’est l’idée du pardon: après des années traumatisantes avec l’apartheid, de la violence, comment accepter le passé et regarder vers l’avenir? Le pardon est toutefois une possibilité qui s’offre à tous les personnages, à différents niveaux de leur vie: faut-il se venger, oublier, pardonner? Si la thématique de la vengeance est commune au cinéma, celle du pardon est rarement exploitée, car il faut avouer que c’est peut-être inintéressant pour le public d’observer un personnage serein, capable d’accepter sa situation.

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Les personnages dans Zulu font alors face au poids du passé. C’est ainsi que l’on apprend l’existence des « commissions vérité et réconciliation » mises en places par le gouvernement sud africain afin d’éviter des actes de vengeance: ceux qui profitaient de ce système d’apartheid ont alors été amnistiés et pardonnés; mais qu’en est-il du peuple? Nous avons souvent l’impression que l’apartheid fait partie du passé, mais les événements semblent encore récents et des séquelles subsistent. On découvre alors des quartiers divisés, même si le peuple a réussi à vivre ensemble, comme le témoigne les deux personnages principaux du film, les deux flics noir et blanc, Ali et Brian.

Zulu nous offre une vision de l’Afrique du Sud que l’on est loin d’imaginer, en passant par les townships, les quartiers violents des coloured (les métis), où des scènes ont été réellement tournées, les villas de luxe… Une atmosphère particulière est instaurée, où les paysages ne sont pas uniquement le support des événements qui s’y déroulent. Les clichés des cartes postales sont souvent les lieux mêmes où un revirement de situation a lieu; l’Afrique du Sud devient alors un personnage propre dans le film.

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Je ne peux vous parler du livre, puisque je n’ai pas lu: comme toute adaptation, certains éléments ont du être occultés et Jérôme Salle était libre de ses choix, et l’auteur explique que l’essentiel est bien préservé. Le film est certes réalisé par un français, avec un casting international, et non des acteurs sud africains ce qui peut susciter une critique par rapport à la perte d’authenticité. Personnellement, je trouve la réalisation de Jérôme Salle excellente, et les acteurs ont travaillé l’accent (l’anglais est essentiel dans un film sur l’Afrique du Sud), et s’intègre parfaitement à l’univers sud africain.

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Nous suivons donc l’enquête de ce duo de flics, le Zulu africain, Ali, joué par Forest Whitaker qui adopte son rôle parfaitement alors que le personnage de Brian, le Blanc anglo-saxon, incarné par Orlando Bloom est surprenant. Car déjà, on ne l’attend pas dans ce rôle, ce dernier nous apparaissant toujours comme l’elfe des Seigneurs des Anneaux ou l’amoureux des Pirates de Caraïbes. Ici il abandonne cette image lisse et incarne le flic à problèmes, accroc aux médicaments, à l’alcool, au sexe, avec une vie de famille brisée. On suit l’évolution de ce duo de très près, alors qu’en réalité les deux personnages sont rarement ensemble. Les deux hommes sont très différents avec une similarité: vivre avec le poids du passé. Contrairement à ce que l’on s’attend, le noir n’est pas celui qui veut se venger, même si son passé le hante au quotidien, et évidemment, le revirement de situation semble inévitable.

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Zulu est film dur et violent; une violence qui est présente dans le livre, mais qui est plus édulcorée dans le film selon le réalisateur. Je peux pourtant vous assurer que cela n’altère pas l’effet produit, car les images sont toujours plus marquantes que les mots. La violence se fait ressentir par des flash-backs de l’apartheid, mais elle est encore présente dans cette Afrique du Sud moderne sous une autre forme. L’épisode de la plage (que je vous laisse découvrir) est saisissante et on se rend compte qu’on ne peut s’attacher aux personnages dans ce film. Zulu est donc une réelle histoire sur l’Afrique du Sud – un pays que l’on voit rarement au cinéma – qui vous surprendra.

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Cinéma / musique, Loisirs | 4 commentaires

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4 commentaires pour “[Critique] Zulu

  1. Edmond N. Fowler

    Des hommes torturés et mutilés, des enfants cobayes drogués, des femmes et des grands-mères violées et assassinées, et la volonté du pardon qui ne résiste pas à la violence perpétuellement subie, voilà les ingrédients du nouveau film de Jérôme Salle. Dans l’Afrique du Sud de Zulu, la violence explose littéralement entre Blancs et Noirs, entre riches et pauvres, et entre trafiquants de drogues. En passant, le réalisateur français dresse un portrait saisissant de la société sud-africaine : des townships de Cape Town jusqu’aux quartiers des gangs des Cape Flats.

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  2. Pingback: [Critique] Mandela | Le blog de Kat