Ma critique du film Journal de France

Journal de France, sortie le 13 juin 2012

J’ai été voir ce soir en avant-première le film documentaire de Raymond Depardon et Claudine Nougaret, Journal de France, présenté en séance spéciale au Festival de Cannes.

Synopsis:
Le film se présente comme des bribes d’images: Raymond Depardon prend des clichés de la France, et Claudine Nougaret pendant ce temps retrouve des bouts de films à lui, inédits pour la plupart, qui retracent son parcours.

Mon avis:
Le photographe et cinéaste est ici filmé, le regard se tourne alors vers ce personnage qui photographie et qui a filmé. On nous montre les errances de Raymond Depardon à travers la France- le lieu importe peu- il s’agit de prendre son temps, apprécier le moment, transformer les scènes banales d’un village, revenir sur ses pas, se poser pour attendre la bonne lumière, le bon moment (quand les voitures ne perturbent pas la scène!). Il sillonne donc la France en faisant des photos à la chambre (oui, c’est bien cette ancienne technique qui est utilisée). Le parcours de Raymond Depardon dans son camion est entrecoupé par les morceaux de film que récupère sa femme, Claudine Nougaret, et c’est sa voix qui nous accompagne tout au long du film. Ces bribes de film m’ont fascinée: si on débute avec des images de la fontaine St Michel, à Paris, pour glisser vers la Seine, la cathédrale Notre Dame, et des jolies filles, on est surpris par la scène violente qui survient juste après. Scènes enjouées, tristes, violentes et émouvantes se mêlent: des portraits de gens dans Paris, des guerres, la répression de 68-69 à Prague, les images saisissantes au Tchad, surtout avec la représentation de Françoise Claustre, l’ethnologue détenue par les rebelles, les images d’un hôpital psychiatrique à Venise (transformé désormais en palace), le regard sur Valérie Giscard d’Estaing, ou encore la minute de silence de Mandela… J’ai adoré ce film qui s’adresse aux amoureux de la photographie. Il ne s’agit pas d’un film avec une intrigue, car il n’y en a pas, mais le fil conducteur s’inscrit dans cette idée de journal. C’est bien un journal en images avec des allers-retours dans le temps qui nous est présenté: le regard d’un homme sur son histoire, sur notre histoire, sur le monde.