[Critique] Les Âmes vagabondes (The Host)

Les Âmes vagabondes, sortie le 17 avril

Un film réalisé par Andrew Niccol, avec Saoirse Ronan, Jake Abel, Max Irons, Frances Fisher, Candler Canterbury

Bande-annonce:

Synopsis:
Le monde a changé, les humains ne sont plus les mêmes. Les Âmes ont pris possession des corps, et les contrôlent. Melanie Stryder (Saoirse Ronan) lutte pour sa survie et pour protéger ceux qu’elle aime. Quand elle se fait capturer, elle se montre combative pour retrouver ses proches, Jared (Max Irons), son frère Jamie (Chandler Canterbury) et son oncle Jeb (William Hurt). Commence alors un long trajet difficile.

Mon avis:
Les Âmes vagabondes (The Host)  commence en nous montrant une Terre colonisée dans un futur proche par des voyageurs extraterrestres pacifiques, dont la particularité est d’être sous la forme d’une Âme qui va habiter un corps humain. Le problème survient puisque l’Âme contrôle le corps. Toutefois, ils se présentent comme des explorateurs, et ils transforment la terre en une planète parfaite, sans pollution, sans maladie, sans haine. Les Âmes ne mentent pas, la violence disparaît, et la confiance fait partie intégrante de leur vie. Mais des groupes de résistants subsistent et parmi eux se trouve donc Mélanie, qui échappe aux Âmes avec son frère. Ils font la connaissance de Jared, qui séduit d’emblée Mélanie, et pendant un moment, leur vie à l’écart de ce monde amélioré, et considérablement différent, est presque idyllique : cette présentation de Mélanie et des deux hommes de sa vie nous est  évoquée à travers des flashbacks : car en effet, Mélanie se fait capturer, et l’Âme qui prend possession de son corps- surnommée Vagabonde- doit fouiller dans son esprit et en rendre compte aux Traqueurs- des Âmes responsables de la capture des humains résistants. Mais l’on comprend très rapidement que Mélanie ne se laissera pas faire, comme son esprit subsiste dans son corps, et arrive à influencer Vagabonde.

Le film est adapté du roman de Stephenie Meyer (l’auteur de la saga Twilight) qui participe d’ailleurs à la production, auprès de Nick Wechsler, Paula Mae Schwartz et Steve Schwartz et à la réalisation Andrew Niccol (Time Out). Du coup, toute personne ayant déjà vu ou lu Twilight ne peut s’empêcher de faire des comparaisons. Personnellement, je n’ai pas lu le livre, mais l’affiche me rappelle inévitablement Twilight, et le triangle amoureux. Au contraire, Les Âmes vagabondes me surprend: point de triangle amoureux, mais une relation plus complexe. Ici, on est plongé dans la science fiction, mais il ne faut pas non plus se leurrer, la science fiction sert surtout de cadre pour l’histoire d’amour. Le réalisateur explique toutefois qu’il est plus facile de faire passer des messages grâce à la science-fiction et l’inscription dans le futur, qui présente un monde éloigné de celui du spectateur. Ce monde n’a pas été changé par les Âmes, mais améliorée et depuis il est resté intact et étranger aux humains; il n’y a toutefois pas d’ajout d’élément technologique extravagant, comme on en trouve dans des films de science fiction. En opposition avec le monde parfait où habitent les Âmes, le désert aride dans lequel se réfugient les rebelles accentue la difficulté de survie et l’élément d’aventure. Ce que j’ai apprécié dans le film c’est cette réelle inversion de l’imaginaire des extraterrestres, souvent perçus comme l’ennemi à abattre ; ici la relation est plus complexe, Vagabonde étant elle même une Âme. De même, les Âmes se présentent comme une espèce voulant améliorer la Terre, et font parfois preuve d’une plus grande humanité que les hommes.

La cohabitation de deux âmes dans le même corps est bien mise en scène et constitue le nœud central du problème. Vagabonde tente d’effacer la présence de Mélanie, qui  résiste, ce qui provoque un conflit intérieur, au sens propre du terme. Au début, les deux personnages – car Vagabonde en est bien un, même si elle utilise le corps de Mélanie- se retrouvent opposés dans leur vision du monde. La situation se complique lorsque deux hommes se retrouvent mêlée à l’histoire, Vagabonde- qui adopte le surnom Gaby- est attirée par Ian, alors que Mélanie retrouve Jared. Leur personnalité est aussi différente, et interprétée avec brio par Saoirse Ronan: Mélanie est une jeune femme rebelle, alors que Vagabonde est calme et pacifiste. D’ailleurs, les Âmes apparaissent clairement comme des êtres parfaits, illustrés jusqu’à leurs tenues, bien coupées aux couleurs apaisantes.  Il y a par ailleurs un certain naturel chez Saoirse Ronan à interpréter à la fois deux personnages, pour les distinguer, deux voix différentes ont été adoptées ainsi que deux manières de s’exprimer qui traduisent leur personnalité (je vous conseille le film en VO, comme d’habitude). Un mot sur les autres personnages: Jared se dévoile comme un jeune homme perdu quand il retrouve le corps de Mélanie, mais ne la reconnaît pas, et ne voit que l’Autre (j’ai trouvé son personnage moins intéressant que celui de Ian). Ian, qui se présente en tant qu’ennemi se laisse séduire par le charme de Gaby, et surtout par celui de son « âme ». La Traqueuse, incarnée par Diane Kruger, est la blonde parfaite qui contrairement aux autres Âmes est habitée par une rage. Il ne faut oublier le personnage de Jeb (William Hurt), l’oncle de Mélanie qui montre qu’il peut faire confiance aux Âmes, illustrant finalement une certaine humanité qu’on ne retrouve plus chez les résistants.

Pour conclure, la comparaison avec Twilight est inévitable, et si je devais comparer, je dirais que Les Âmes Vagabondes présente histoire plus profonde, avec un réel suspense. Si vous voulez voir un film d’action, ce n’est pas fait pour vous; c’est véritablement une histoire d’amour ancrée dans un univers de science fiction et d’aventure. Si le film oscille entre romance et science fiction, on peut se demander s’il n’y a pas un basculement à un certain moment. Le film est légèrement trop long, et certains passages présentent des scènes d’émotion un peu niaises, mais il a le mérite d’évoquer des sujets sérieux comme le comportement humain, la maladie, la destruction de la planète, etc…tout en faisant rêver le spectateur.