Lost River, sortie le 8 avril 2015
Un film de Ryan Gosling avec Christina Hendricks, Saoirse Ronan, Iain De Caestecker, Matt Smith, Reda Kateb, Barbara Steele, Eva Mendes et Ben Mendelsohn.
Bande-annonce:
Synopsis:
« Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas- fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une ville engloutie. Billy et son fils devront affronter bien des obstacles pour que leur famille s’en sorte. »
Mon avis:
Ryan Gosling s’essaye à la réalisation avec Lost River, et je dois avouer que le film me laisse assez perplexe. Lost River n’est pas le genre de films qui séduira le public fan de blockbusters, par son manque d’intrigue classique qui tend à ralentir le rythme. Ryan Gosling nous plonge dans un univers hostile, la ville imaginaire de Lost River, qui semble maudit et là où tout se consume. Grâce à une bande originale efficace et une photographie sublime aux couleurs à la fois poétiques et écrasantes, on s’imprègne de cette ambiance lugubre qui pèse sur la ville, inspirée de Détroit, ville prise entre deux mondes, déserte et déjà morte, mais avec quelques habitants qui résistent à côté de maisons incendiées et démolies.
Attention, certaines scènes sont assez difficiles à regarder, d’autres violentes, même si la plupart du temps il s’agit d’une violence qui est n’est pas explicitement représentée ou alors d’une représentation sur scène. En effet, Ryan Gosling nous a expliqué lors de la masterclass où on a pu le voir avec l’acteur Reda Kateb, qu’il s’est inspiré du théâtre du Grand Guignol ou du Café de l’Enfer, à Paris, lieu où s’exprime le morbide sur scène, donnant lieu à des représentations macabres et sanguinolentes, comme l’on pourra le voir dans le club, lieu phare du film, permettant de purger des pulsions perverses. Le film est donc sombre, avec une certaine idée du pessimisme, sur le déclin du rêve américain, alors que les personnages errent dans une ville en ruines. Le film prend des airs fantastiques, lorsque l’on découvre qu’à la lisière de cette ville se trouve une autre ville engloutie, au fond d’un lac, qui plane comme un fantôme.
Notons l’excellent jeu des acteurs qui sont attachants pour certains et dérangeants pour d’autres, à l’image de Matt Smith qui s’est auto-approprié la ville et maintient le contrôle par la violence ou encore Ben Mendelsohn, le banquier, qui gère le club et exerce une forme de domination sur Billy (Christina Hendricks, déjà présente dans Drive, aux côtés de Ryan Gosling), la mère désespérée, mais battante. Eva Mendes nous livre un belle performance en grande figure de la représentation macabre, tandis que Reda Kateb, en chauffeur de taxi, offre un échange humain et un espace neutre au sein de la voiture pour s’échapper de cet univers sombre. Le jeune Bones interprété par Iain De Cestecker, est troublant, s’attachant à Rat (Saoirse Ronan), pour sa part, sereine et lucide. Bones tente de trouver une explication rationnelle alors que le rationnel n’est pas un élément à prendre en compte dans Lost River. Il faut s’autoriser à imaginer, pour rêver ou plutôt cauchemarder. Lost River est donc un film sombre, bizarre il faut l’avouer, onirique, qui marque par son originalité.
Photos de la Masterclass avec Ryan Gosling et Reda Kateb (et son chien!). Je m’excuse pour la qualité des photos, j’étais très mal placée dans la salle:
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